
09 mars 2025 - 117 vues
Pendant l'échange d'une violence inouïe avec Volodymyr Zelensky, Donald Trump a lâché une phrase qui en dit long sur les affinités qu'il pense avoir avec le maître du Kremlin.
C’est une petite phrase, passée inaperçue dans le feu de son altercation avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, mais qui en dit long sur les affinités que Donald Trump est persuadé d’avoir avec le maître du Kremlin.
« Je vais vous dire une chose : Vladimir Poutine et moi, on en a bavé », a lancé le président américain le 28 février, pendant un échange d’une violence inouïe avec le chef d’État ukrainien.
« Nous avons traversé ensemble une chasse aux sorcières », avait-il dit auparavant en recevant cette fois le Premier ministre britannique Keir Starmer.
Une « solidarité » entre les deux présidents
La « chasse aux sorcières », c’est l’enquête menée pendant le premier mandat du milliardaire républicain sur l’opération d’ingérence russe lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, en sa faveur.
Cette opération exposée par les services de renseignement américains a été démentie par la Russie. Donald Trump assure désormais que cette affaire a scellé une forme de solidarité avec le président russe.
Un « modèle » pour Donald Trump
Le président américain « voit en Poutine une sorte de modèle », analyse Sasha de Vogel, directrice associée du laboratoire de recherches sur l’autoritarisme à l’université de Caroline du Nord-Chapel Hill.
Le dirigeant russe « fait un peu ce qu’il veut, il peut agir de manière unilatérale », et son homologue américain « veut la même chose », lui qui tente d’étendre au maximum ses prérogatives depuis son retour à la Maison Blanche.
La chercheuse n’en pense pas moins que le président américain « surestime » sa relation avec Vladimir Poutine. Celui-ci n’est « pas un home d’affaires dont (il) peut gagner la confiance, mais un stratège très expérimenté », qui « ne décide pas en fonction d’affinités personnelles. »
Une convergence idéologique
D’autres experts soulignent aussi une convergence idéologique entre la nouvelle administration américaine et la Russie.
Vladimir Poutine veut revenir à un modèle où les États-Unis et la Russie « se mettent d’accord sur des sphères d’influence », écrit Natia Seskuria, chercheuse du centre de recherches britannique Royal United Services Institute, dans la revue Foreign Policy.
Le président russe estime que le territoire de l’ancienne Union soviétique est sa zone d’influence « légitime » tandis que Donald Trump a « de manière similaire signalé une volonté expansionniste » à propos du Groenland, du Canada ou encore du canal de Panama, poursuit-elle.
« Il me le dirait s’il ne la voulait pas »
Après une longue conversation téléphonique le 12 février avec le président russe, Donald Trump a assuré que ce dernier voulait « la paix » en Ukraine, et ajouté : « Il me le dirait s’il ne la voulait pas. »
À d’autres occasions, il a jugé que le maître du Kremlin était « très intelligent, très malin », et refusé de le qualifier de « dictateur », un mot qu’il a employé pour désigner Volodymyr Zelensky.
Donald Trump veut que Vladimir Poutine « l’apprécie et le respecte – sans comprendre que […] ses flagorneries provoqueront le mépris du Kremlin », écrivait récemment dans une note de blog Timothy Ash, économiste spécialiste de la Russie et membre du groupe de réflexion Chatham House.
Une politique plus complaisante que lors du premier mandat de Trump
Pendant le premier mandat de Donald Trump (2017-2021), les États-Unis n’avaient pas mené une politique aussi favorable que l’espérait le Kremlin.
Donald Trump avait accepté de vendre à l’Ukraine des missiles anti-chars Javelin. Son gouvernement avait aussi lancé une série de sanctions contre la Russie.
Peu après, lors d’un échange avec des journalistes, il a eu un ton beaucoup plus conciliant, en affirmant qu’il était « plus facile » de traiter avec la Russie qu’avec l’Ukraine.
« J’ai toujours eu une bonne relation avec Poutine », a déclaré Donald Trump, ajoutant, de manière énigmatique : « Je pense qu’il va être plus généreux qu’il ne doit l’être. »
Avec AFP.