
07 avril 2025 - 95 vues
Concernant le dépistage du cancer colorectal, une question devient de plus en plus pressante : faut-il abaisser l'âge du dépistage généralisé à 45 ans ?
Le dépistage en population générale du cancer colorectal s’adresse en France aux personnes de 50 à 74 ans sans facteur de risque autre que l’âge, c’est-à-dire sans symptômes ni antécédents personnels ou familiaux de maladie touchant le côlon ou le rectum.
Aux USA, en Australie, le dépistage c’est dès 45 ans !
Aux États-Unis, depuis 2021, le dépistage du cancer colorectal chez les personnes – jeunes (de moins de 50 ans), débute dès 45 ans. En Australie, la même mesure a été prise en 2024.
Ces décisions font suite à l’augmentation réelle de l’incidence du cancer colorectal chez les jeunes adultes dans ces pays. Fin décembre 2024, une étude a estimé que jusqu’à 15 % de ces cancers touchait des adultes de moins de 50 ans (contre 5 à 6 % en France).
Cette tendance à l’augmentation du cancer colorectal du sujet « jeune » est aussi en train d’apparaître dans les pays en développement, notamment en Amérique latine et en Asie.
En Europe, cette tendance semble en cours, notamment entre 20 et 35 ans, bien qu’elle soit moins marquée pour le moment.
Des cancers diagnostiqués à un stade avancé
En termes de profil, il s’agit souvent de cancers du côlon gauche et du rectum. Ces cancers sont généralement symptomatiques : « dans 9 cas sur 10, des signes cliniques sont présents, contrairement aux cancers colorectaux chez les sujets plus âgés, qui évoluent de manière plus insidieuse et progressive », souligne Frédérick Moryoussef.
Cependant, il existe des données discordantes concernant la gravité de ces maladies. « Ce qui est certain, poursuit-il, c’est qu’ils sont souvent diagnostiqués à un stade plus avancé. »
Pourquoi ? Les patients ne s’imaginent pas qu’un cancer puisse survenir avant 50 ans. Il persiste dans la population l’idée que cette maladie concerne surtout les personnes âgées. En conséquence, face à des symptômes digestifs, ils ne consultent pas leur médecin.
Cette méconnaissance des signes devant alerter est la première explication.
Ensuite, « les médecins eux-mêmes, indique le gastroentérologue, en particulier ceux de première ligne, ne sont pas toujours suffisamment formés pour suspecter un cancer colorectal chez un patient jeune. Des études l’ont montré. Ce manque de sensibilisation peut retarder la mise en place d’un suivi adapté, qu’il s’agisse d’une surveillance rapprochée ou d’une endoscopie. »
En France, l’augmentation de l’incidence du cancer colorectal chez les jeunes reste un sujet de débat. Toutefois, les pays anglo-saxons étant souvent en avance sur les tendances épidémiologiques, il est très probable que cette augmentation touche également la France dans un futur proche. »Une progression du cancer colorectal chez les plus jeunes
En Europe, une étude publiée en 2019 se basant sur les données de 143,7 millions de personnes vivant dans 20 pays européens, dont la France, a montré qu’entre 2004 et 2016, les cas de cancers colorectaux avaient augmenté de 7,9 % chaque année chez les 20-29 ans.
Pour les 30-39 ans, une hausse de 4,9 % a été observée sur la même période. Et ceci sans qu’aucune explication scientifique claire ne soit identifiée. Bien que cette hausse soit observée dans la plupart des pays européens, des disparités existent.
Les données récentes de Santé publique France montrent que l’incidence du cancer colorectal chez les moins de 50 ans est relativement faible et stable. Toutefois, on note une légère augmentation ces dernières années, bien moindre cependant que dans d’autres pays.