
07 février 2025 - 120 vues
Jeudi 6 février, les bonnets jaunes de la CR ont bousculé l'hégémonie de la FNSEA-JA, qui a perdu une quinzaine de chambres aux élections professionnelles agricoles.
C’est un séisme dans le monde agricole. Ce jeudi 6 février 2025 avaient lieu les élections professionnelles agricoles, pour désigner quels syndicats siégeront dans les différentes chambres agricoles départementales.
Et si la FNSEA/JA, alliance majoritaire, reste en tête, elle perd tout de même une quinzaine de chambres, notamment au profit de la Coordination rurale.
Un syndicat qui s’est fait connaître du grand public, notamment lors des mouvements de colère de la fin d’année 2024, dénonçant l’accord commercial entre l’Union européenne et l’Amérique du Sud : le Mercosur.
C'est quoi les chambres d'agriculture ?
Créées en 1924, les Chambres d’agriculture sont des établissements publics pilotés par des élus représentant l’ensemble des acteurs du secteur agricole, rural et forestier. Le réseau compte 102 établissements : 88 Chambres départementales ou interdépartementales, 13 Chambres régionales et une structure nationale : Chambres d’agriculture France. Ces chambres sont gérées par des professionnels élus au suffrage universel pour un mandat de six ans.
Les bonnets jaunes de la Coordination rurale
Déjà, lors du mouvement des agriculteurs en colère il y a un an, ils se sont fait repérer lors des blocages d’autoroute ou des actions dans les centres-villes par un détail : leur bonnet jaune.
Avec cet attribut, la CR prend exemple sur le mouvement des bonnets rouges bretons, qui avaient contesté les taxes sur les poids lourds en 2013. Un mouvement mené notamment par… la FNSEA.
Un syndicat né de l’opposition à la FNSEA
Très clairement, sur son site, la Coordination rurale se présente comme l’alternative face au syndicat majoritaire.
Dans l’onglet « qui sommes-nous », retraçant la création du syndicat dans le Gers par trois agriculteurs, ils écrivent clairement : » Ils n’espèrent plus rien de la FNSEA qui, après avoir manifesté dans Paris pour dire la détresse du monde agricole, laissait entrer trois jours plus tard, en France, des vaches polonaises sans réagir […]. Double jeu qu’elle n’a jamais cessé depuis. »
Le syndicat est né d’abord d’un mouvement de la contestation de la Politique Agricole Commune, qu’il juge « catastrophique » et veut alors « fédérer tous ceux qui ne veulent plus se résigner à un système corrompu, caractérisé par une absence de maîtrise des marchés et par des prix désespérément bas ».
Les fondateurs pressentaient que la baisse des prix compensée partiellement par des primes était une atteinte à la dignité des paysans qui passeraient pour des assistés qui coûtent cher. [...] Les événements leur ont, hélas, donné raison et la PAC 92 produit, encore aujourd’hui ces effets délétères.
Et c’est en 1995 que le syndicat Coordination rurale est né et trouve son nom actuel.
Une proximité non dissimulée avec le Rassemblement national
Si la Coordination rurale prône le fait d’avoir « tendu la main à tous les acteurs », et d’être « indépendante », elle revendique aussi son « apartisanisme », aujourd’hui mis à mal.
En février 2024, en pleine mobilisation des agriculteurs, Emmanuel Macron se rend au Salon de l’Agriculture. Et certains se rappellent peut-être du président en chemise, manches retroussées, dans une discussion à bâtons rompus avec les professionnels.
Assumant un ton décomplexé, Emmanuel Macron dit alors très clairement que « des décideurs locaux de la Coordination rurale sont engagés de manière très officielle au Rassemblement national », comme le rapportait alors le Figaro.
Au niveau national, déjà, la vice-présidente du syndicat, Sophie Lenaerts, a donné une conférence à l’Action française, mouvement nationaliste et royaliste d’extrême droite. Avant cela, elle avait participé à leur université d’été.
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Dans les territoires, on peut citer très concrètement le député RN de la première circonscription de l’Aude, Christophe Barthès, réélu en juillet 2024. Il n’est autre que l’ancien vice-président du syndicat dans le département.
Autre exemple dans le Lot-et-Garonne. En novembre 2024, le président du RN Jordan Bardella se rend dans une exploitation du département. Et le choix du lieu n’a rien du hasard. Déjà, car deux députés sur trois sont issus de ses rangs. Ensuite, car le président de la chambre d’agriculture Serge Bousquet-Cassagne, issu de la Coordination rurale donc, ne cache pas du tout sa sympathie envers le poulain de Marine Le Pen :
Tu es notre dernier espoir. On espère que tu n’es pas un pur produit du marketing parisien. On a besoin de quelqu’un, nous les paysans, qui nous dise : « voilà ce qu’il faut faire pour les 20 prochaines années. »
« On te fait confiance, ne nous déçois pas », a-t-il même conclu. On ne peut plus clair.