Ariane 6 : c'est quoi ce satellite "espion" de l'armée française qui doit être placé en orbite ? Ariane 6 : c'est quoi ce satellite "espion" de l'armée française qui doit être placé en orbite ? Sciences-Technologie 06 mars 2025


06 mars 2025 - 118 vues

Ce satellite va venir compléter une mini-constellation déjà composée de deux autres satellites militaires d’observation lancés il y a cinq et sept ans.

Lourd d’enjeux pour la souveraineté spatiale européenne, le premier lancement commercial de la fusée Ariane 6 est attendu ce jeudi 6 mars 2025 depuis la Guyane française, après avoir été plusieurs fois repoussé, dont lundi au dernier moment.

« Les investigations menées sur un équipement sol en interface avec le lanceur » à la suite de « la tentative du 3 mars, permettent désormais à Arianespace d’envisager un lancement le 6 mars 2025 à 13 h 24 heure locale à Kourou », soit 17 h 24 heure de Paris, a détaillé Arianespace dans la nuit de mardi à mercredi.

Un satellite pour surveiller la Terre pour la France

« Ariane 6 et son passager, le satellite CSO-3, sont dans des conditions stabilisées et en sécurité », a assuré le groupe chargé de l’exploitation et de la commercialisation du lanceur.

Cette mission, hautement symbolique, vise à sceller la souveraineté retrouvée de l’Europe spatiale, en plein contexte de rapprochement entre les États-Unis et la Russie.

Le satellite CSO-3 (pour « composante spatiale optique »), qu’Ariane 6 doit placer sur une orbite à 800 kilomètres, va compléter la mini-constellation de surveillance de la Terre pour le ministère français de la Défense et améliorera ses capacités de renseignement.

Ce n'est pas le premier satellite espion lancé par la France

CSO-3 est le troisième satellite du programme MUSIS, piloté par la DGA, une constellation de trois satellites dédiés à l’observation de la Terre à des fins de défense et sécurité. Les satellites CSO-1 et CSO-2 avaient été lancés avec succès par Arianespace, respectivement en 2018 et 2020. Le satellite CSO-3 attend depuis 2022 d’être lancé.

Un lancement incertain

Pour cette mission, la fenêtre de tir est à la seconde près, l’armée française souhaitant une orbite précise pour optimiser la qualité des prises de vues.

Si le lancement doit encore être reporté, il ne pourra être reprogrammé le lendemain, car la nécessaire vidange des réservoirs de carburant prend 48 heures. En revanche, le tir aura forcément lieu à 13 h 24 locales, quel que soit le jour.

« Garder notre place »

En Europe, seules la France et l’Italie disposent de satellites militaires, respectivement cinq avec celui qui doit être lancé jeudi et deux, alors que les États-Unis comme la Chine comptent « des centaines » de satellites militaires ou civils et militaires, selon Philippe Steininger, auteur du livre Révolutions spatiales et consultant du Cnes, l’agence spatiale française.

Après le dernier vol d’Ariane 5 en 2023, Ariane 6 a décollé pour la première fois en juillet 2024. Son premier vol embarquant un satellite commercial doit sécuriser l’accès autonome des Européens à l’espace, dont ils ont été privés pendant plusieurs mois puisqu’ils n’utilisent plus de Soyouz depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.

L’autre fusée européenne légère, Vega-C, n’a repris les vols qu’en décembre 2024, après avoir été immobilisée pendant deux ans dans la foulée d’un accident ayant entraîné la perte de satellites.

Le secteur est aussi bousculé par la montée en puissance de SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk, qui a renforcé son influence en devenant un membre éminent de l’administration de Donald Trump.

Avec AFP.