Acompte obligatoire, caméras boostées à l'IA, zéro caisse… le supermarché autonome d'Aldi bientôt en France ? Acompte obligatoire, caméras boostées à l'IA, zéro caisse… le supermarché autonome d'Aldi bientôt en France ? Économie 09 mars 2025


09 mars 2025 - 111 vues

En avoir déjà pour 12 euros avant même d'avoir commencé ses courses. C'est le concept des magasins autonomes testés dans divers pays, notamment chez nos voisins britanniques.

Faire ses courses est rarement une partie de plaisir. Sa liste dans une main, le charriot dans l’autre, vous voilà en train de slalomer entre les rayons en veillant à ne rien oublier, pour finalement arriver au niveau des caisses de longues minutes plus tard.

Et c’est là que le bât blesse. Si vous avez le malheur de faire vos emplettes aux heures de pointes, il faut souvent prendre son mal en patience. Et si on vous disait que, demain, vous pourriez sortir directement sans passer par la case paiement ?

C’est ce que propose Aldi en Angleterre. La chaîne de supermarchés allemande teste depuis 2023 un magasin Shop&Go à Londres, dans le quartier de Greenwich. Le nom du supermarché dit tout du concept : faites vos courses et partez sans payer. Et si ce système débarquait en France ?

Payer un acompte… avant de commencer nos courses

Forte d’un réseau de 12 000 magasins dans 18 pays, la chaîne de hard-discount a voulu tester un magasin d’un genre nouveau. Si novateur qu’on ne voit pas exactement comment il pourrait fonctionner…

« Faire des achats plus rapidement et facilement sans faire la queue. » Voici la promesse d’Aldi, qui en dit plus sur son Shop&Go sur son site Internet. Mais comment ça se met en place ?

D’abord, pour entrer dans le magasin, il faut télécharger l’application mobile d’Aldi, se créer un compte… et payer un acompte. L’enseigne n’en dévoile pas le montant. Le site de cuisine 750g évoque un dépôt de 12 euros.

« C’est un magasin autonome. Ce montant est une pré-autorisation, on ne vous fait pas payer l’entrée », tonne le journaliste expert de la grande distribution Olivier Dauvers auprès d’actu.fr, qui regrette certains titres d’articles de presse mentionnant une « entrée payante ».

Des centaines de caméras au plafond

Une fois votre compte créé et l’acompte déposé, vous faites vos courses comme à votre habitude… à une différence près : vous êtes suivi par des centaines de caméras dopées à l’intelligence artificielle et suspendues au plafond, qui scannent vos achats.

Une par mètre carré selon Olivier Dauvers qui, par chance, a mis les pieds plusieurs fois dans ce genre de magasins, aux États-Unis ou encore aux Pays-Bas. Avec des supermarchés entre 200 et 400 m², ça grimpe vite.

Il suffit de vous saisir des produits dont vous avez besoin, de les glisser dans votre sac et… de sortir du magasin une fois que vous avez terminé.

C'est bluffant comme expérience. On sait ce que vous mettez dans votre charriot, il n'y a pas besoin de scanner vos items.

Olivier DauversExpert de la grande distribution

« Une fois vos achats terminés, vous serez facturé et recevrez votre reçu via l’application », promet Aldi. L’acompte déposé au préalable est alors déduit de votre panier total. Si vous n’achetez rien, vous êtes remboursé (ce qui peut prendre plusieurs jours).

Impossible de voler… vraiment ?

C’est fort. Mais est-ce que ça marche ? Olivier Dauvers a fait le test par le passé. « On a réussi à tromper les caméras au prix de 1 000 contorsions. On a remplacé une canette de notre panier par une autre en cachant la marque avec notre main », se remémore-t-il. Cependant, il l’assure : dans la grande majorité des cas, les robots ne commettent pas d’erreurs.

Et puis, dans tous les cas, les magasins autonomes ne sont pas vidés de leurs salariés, notamment pour contrôler l’achat d’alcool. Eh oui, un système est mis en place pour permettre aux employés de venir vérifier votre panier (et votre âge). 

Un jour en France ?

Maintenant, venons à la question qui risque de vous intéresser : ce nouveau concept de magasin a-t-il des chances de voir le jour dans l’Hexagone ? C’est un non catégorique pour l’ingénieur agricole de formation, qui parie plus sur le développement massif des caisses automatiques que sur des supermarchés organisés autour de l’IA.

Ces magasins expérimentaux ont la vocation d'être des vitrines de la marque.

Olivier Dauvers

Des vitrines qui n’ont pas l’ambition de s’exporter ou de se généraliser dans d’autres pays. Pour l’expert conso, les enseignes ont également en mémoire les échecs du passé

En 2016, Amazon lançait en grande pompe sa technologie « just walk out » dans ses supérettes Fresh. Mais il était trop tôt pour le monde sans caisses pour le géant de l’e-commerce, qui est allé jusqu’à retirer ses caméras dans 20 magasins américains en 2024.

Il y a même déjà eu un test en France

En 2021, Carrefour ouvrait un magasin autonome en plein cœur de Paris (11ᵉ arrondissement). Notre rédaction actu Paris avait alors fait le test. Tout se déroulait comme décrit plus haut.
Le groupe a finalement décidé de fermer son "Carrefour Flash" en 2023.

Contacté par actu.fr, Aldi France a refusé de nous dire si un tel projet pouvait débarquer en France. « Dans la mesure où Aldi UK appartient à une autre entité, nous ne partageons pas les mêmes projets », nous fait savoir la marque.

Trop cher à mettre en place

Autre point qui risque de coincer pour un test dans l’Hexagone : le prix de la technologie. « Ça coûte cher à développer. Il faut des équipes techniques pour les faire marcher et ne pas avoir de bug. Le coût d’exploitation est prohibitif« , indique Thierry Desouches, porte-parole de Système U (Super U, Hyper U, U Express…), à actu.fr.

Je ne pense pas qu’on va voir arriver ça maintenant. On est loin d'avoir toutes les techniques. Dans 10 ou 15 ans peut-être ?

Thierry DesouchesPorte-parole Système U

En attendant les années 2040, il faudra prendre votre mal en patience. Des heures réjouissantes de queue à la caisse vous attendent donc encore !